Des idées pour mieux comprendre par Toomaï Boucherat, spécialiste en archéologie expérimentale..

Monseigneur le cerveau et ses pièges


Il est impossible de comprendre le fonctionnement des activités cérébrales, sans étudier un peu les origines de l’humanité, et l’évolution de l’anatomie du crâne des hominidés.

L’histoire des homos, est une longue évolution depuis des millions d’années, a l’ère secondaire apparait sur terre l’ordre de mammifères, ils ont résisté au grand cataclysme qui a couté la vie aux dinosaures, et ils commencent une lente évolution qui va aboutir a l’arrivée, dans le paysage terrestre des grands singes (gorilles, orang outangs, chimpanzés)

C’est en Afrique, que certaines peuplades de ces grands singes (chimpanzés, Bonobos) vont changer leur mode d’alimentation, et passer d’un régime purement végétarien, à l’utilisation d’aliments protéinés ( insectes, cadavres d’animaux, œufs de récoltes ) en complément de leur régime fructo- végétarien, ce qui aura pour conséquence de permettre un développement du cerveau plus rapide que chez les primates restés strictement végétariens (gorilles et orang outang ) .

Il y a 8 000 000 d’années, Toumaï avec sa boite crânienne de 300cc environ, est le premier à prendre la position debout, et à déambuler sur ses pattes arrières. Dans le centre de l’Afrique, comme beaucoup de grand singes, il vit en bandes, récolte, cherche l’opportunité de quelques cadavres, utilise des pierres et des bâtons pour se défendre, passe sa nuit dans les arbres pour se mettre à l’abri des prédateurs

Nous avons le même cerveau basique que notre ancêtre Africain, nous le partageons aussi avec tous les mammifères, il porte plusieurs noms : Espace limbique, cerveau reptilien, base cérébrale, espace instinctif… c’est lui qui va gérer notre vie végétative respiration, digestion, douleurs, sensations, peurs, bien être, tout ce à quoi on ne pense plus quand on est en activité, mais qui pourtant est réglé inconsciemment pour que nous puissions vivre sans la préoccupation de faire fonctionner notre corps . En relation directe avec les organes des sens, il va permettre de pouvoir échapper à la mort en fuyant instinctivement à la vue, l’odeur, le bruit, d’un objet ou d’un prédateur dangereux, et de perpétuer l’espèce en stimulant les fonctions de reproduction .

Les ordres issus de cette partie de notre encéphale sont transmis essentiellement au reste du corps par deux nerfs antagonistes (sympathique, et parasympathique), l’emplacement de cet espace du cerveau essentiel à la vie, est chez tous les mammifères à la base de la cavité cérébrale lieu de protection maximum au centre de la boite crânienne.

Le reste de l’espace intra crânien, est occupé par le néocortex qui à la différence du cerveau basique, est destiné à la réflexion, l’apprentissage et au savoir, à l’utilisation du langage, à la mémorisation, à l’analyse.

Toute l’évolution des humanoïdes depuis Toumaï jusqu’a nous va consister en un développement de plus en plus rapide et important de cette partie de l’encéphale, le néocortex : Lucie ( 3 000 000 années, 3 M ) à 450cc de volume cérébral, Habilis 2, 5 M 700cc Erectus 2 M 1000 cc Neandertal, 300 000 ans, 1500cc et nous, Cro-Magnons 1350cc environ, et nous en avons aujourd’hui entre 1100 et 1700 suivant les individus.

Nous conservons malgré cette évolution phénoménale de nos capacités intellectuelles, un cerveau reptilien identique à celui des grands singes et autres mammifères, à la différence de ceux-ci, nous avons utilisé notre néocortex croissant, pour inventer le langage articulé, le biface, le feu, certains outils, l’art, les armes de chasse, la poterie, l’élevage, l’agriculture, la guerre, la démocratie…

Ce que beaucoup de gens méconnaissent c’est que nous vivons toujours sous la coupe de nos espaces limbiques, et que notre néocortex, siège de milliard de neurones reliés les uns aux autres, est la pour corriger, aménager, réguler ce que la base donne instinctivement, elle nous ferait vivre comme des bêtes sauvages si il n’y avait pas cet interconnexion entre l’instinctif et le savoir, la peur, et l’analyse de cette peur

Il est instinctif d’avoir peur de la différence, et raisonné de comprendre le pourquoi de cette différence pour ne plus en avoir peur.

De même le passage d’un parfum de femelle va pousser instinctivement le désir du mâle à agir pour se reproduire, (intervention du cerveau limbique) et le néocortex lui va analyser la situation en fonction des informations stockées et va modérer les ardeurs basiques d’un rut annoncé (tabous ; éducations, règles sociales ou religieuse) et …… consentement de la propriétaire du parfum.

Le développement laborieux de nos capacités à dominer ces instincts basiques par l’enseignement, la culture, les règles sociétales, on fait que les hominidés sont passé d’un stade primitif sauvage et bestial, a ce que nous sommes a l’heure actuelle, pour la grande majorité, des êtres civilisés .

Il est important de souligner le rôle primordial de la religiosité et des rites dans l’évolution de ce développement particulier de l’espèce humaine.

Faute de pouvoir expliquer bon nombre de phénomènes naturels, l’homme a inventé les dieux pour donner des explications a leurs interrogations, et par ce biais, favoriser la structuration de la société autour de rites (chamaniques ou religieux) et favoriser la cohésion des groupes.

D’autre hommes, ont compris, qu’ils pouvaient jouer sur cette dualité cérébrale pour asseoir leur autorité sur les autres, en utilisant la peur instinctive de l’autre quand il est différent, et en la stimulant par des discours enflammés contre cette différence d’origine ou religieuse, et les risques fictifs encourus par ceux qui ne la combattrais pas .

C’est comme cela qu’est né l’apologie du racisme qui à conduit le 20emme siècle à connaître des atrocités incommensurables au nom de la haine de l’autre puisqu’il est différent

Tous les discours racistes et nationalistes du fascisme ne sont que ça, « ils sont différents donc il faut en avoir peur, écoutez votre chef, nous qui sommes tous pareils, avec les mêmes croyances, unissons nous pour les faire disparaître, avec une « race » pure nous vivrons heureux et sans peurs ».

Ce qui fait la beauté de cette vie de femmes et d’hommes que nous avons aujourd’hui, c’est de connaître tout cela grâce a l’instruction que nous avons reçu, de comprendre pourquoi, nous possédons cette dualité, et de l’utiliser pour le bien être de tous, et le bonheur de chacun

Il ne faut en aucun cas renier l’animal qui est en nous, il nous fait vivre, mais il faut savoir le domestiquer, l’apaiser, le comprendre ; donc s’instruire.

C’est pour ça que nos enfants et nous-mêmes allons a l’école ou dans les médiathèques, pour ça que l’art existe, et pour ça qu’il faut se méfier des gourous et de nous même.

Quel meilleur exemple que cette loi votée enfin après 2000 ans de civilisation, contre la peine de mort, et qui permet une réflexion humaine sur la valeur de la vie, hors du champ de la réaction bestiale et barbare dictée par l’instinct de vengeance.

Merci a l’humanité qui m’a précédé, parents de parents de parents, de m’avoir sorti de ce piège pour me permettre une vie heureuse en connaissance de moi-même et des autres.

Texte ecrit le 28-01-2011 par Toomaï Boucherat, expérimentateur en archéologie.)

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