Brouillons pour un projet de constitution
La démocratie
La démocratie présente l’avantage de donner un droit de décision à chaque citoyen quelque qu’il soit. Ainsi ce principe permet de générer une société où chacun doit pouvoir trouver sa place, et personne ne devrait être oublié.
Par contre la démocratie aboutit à valider la forme de pensée du plus grand nombre, or il n’est pas sûr que la majorité soit détentrice de la décision la plus sage. Il est même évident que l’idée nouvelle originale est toujours issue d’une minorité voir même issue à l’origine d’un individu isolé.
Le système démocratique doit donc permettre que ces quatre étapes soient possibles en toute liberté :
1. Les propositions sont faites par toute personne, ou groupe de personne.
2. Ces propositions sont publiées et débattues via des medias nécessairement indépendants.
3. Si un écho suffisant est obtenu auprès de la population, et s'il devient nécessaire de décider des protocoles différents reflétant les différentes propositions sont proposées au vote par ces différents courants de pensées. Mais il est souhaitable de ne jamais décider pour ou contre une proposition unique mais toujours attendre qu'il y ait plusieurs propositions concurrentes puis de choisir entre ces propositions.
4. La décision est prise suivant le modèle de vote multi-nominal (voir plus loin les critères de définition de ce vote)
La complexité de ce système de fonctionnement reflète la complexité du fonctionnement démocratique de nos sociétés.
Pour les questions courantes les représentants élus doivent agir au sein de l’assemblée au nom de leurs électeurs en respectant entre eux les mêmes étapes démocratiques.
Page écrite le 20-01-2007
Liens vers une page un peu moins sommaire sur la démocratie.
Alain Mourguy , président UDG www.udg.fr
Un point me semble primordial : le suffrage universel ou la majorié absolue n'est pas toujours de la démocratie.
Je m'explique : sur 3 personnes si 2 sont d'accord sur une idée c'est simple.
Sur 60 millions de citoyens si 30 millions plus une voix imposent une dictaure aux 30 millions MOINS une voix ce n'est plus une démocratie.
A partir d'un certain nombre la majorité pour pouvoir prendre des décisions ou simplement gouverner un pays doit passer par exemple à 65% quite à refaire plusieurs tours de scrutin.La démocratie le mérite bien...
Intervenant: Trazibule
Justement c'est cette évidence qui m'a poussé à réfléchir sur le système de scrutin et, je propose ainsi le "scrutin multipersonnel" dans l'espoir de désigner des candidats représentatif d'un peu plus que 50,0001 % des voix. J'ai lancé un test à partir de la situation des dernières élections présidentielles, si j'ai assez de réponse avec un panel assez correct pour être représentatif, je mettrais en ligne le résultat.
Ensuite sur une question donnée, la constitution Suisse propose une solution intéressante : Quand une décision est proposée au suffrage, il est suggéré qu'il y a ait au moins une proposition alternative. Personnellement je pense qu'il ne devrait jamais se réduire à un vote en oui ou non, mais qu'il faudrait imposer d'attendre qu'il y ait un choix entre différentes propositions.
Enfin toute nouvelle proposition doit être libre, démocratiquement une idée nouvelle est forcément minoritaire, c'est son acceptation seule qui devra acquérir une majorité. C'est entre autre l'idée du référendum d'initiative populaire.
Une décision étant prise il faut aussi assurer le contrôle de son exécution, et là est souvent le problème, des lois ont souvent été votées mais jamais appliquées ou alors détournée de leur esprit initial. C'est ma proposition vers ce système généralisé de contrat l'obligation de mettre un système de contrôle en place dès l'élaboration de la moindre proposition.
Entre la pagaille que génère le droit proportionnel et l'éparpillement des courants politique et le manque de démocratie que génère un système très exclusif de grands partis, un nouveau fonctionnement reste à inventer.
Intervenant: Horst Grützke le 06-12-2010 à 16:48
Le système démocratique
- quel système ? - pourquoi ne pas donner avant une analyse concrète du "système démocratique"?
Si non on ne peut pas espéré d'avoir une réponse claire sur les modifications éventuelles.
On doit donc permettre que ces quatre étapes soient possibles en toute liberté :
1. Les propositions sont faites par toute personne, ou groupe de personne.
- Quelles propositions peuvent ou doivent être faites sur quel sujet et adressées à
qui - à quelle institution ? - On ne peut pas attendre des réponses claires et réalistes
si cette question est telle vague et irrelevante.
2. Ces propositions sont publiées et débattues via des medias nécessairement indépendants.
Est-ce que l'auteur croit réellement qu'il existent des "medias nécessairement indépendants"
quelque part en Europe toujours en possession des sociétés économiques qui publient des "propositions"
soumises par quelqu'un qui ne vient pas du cercle du pouvoir économique politique ? Si, cela peut possible
mais uniquement sous forme de "lettre du lecteur". Pour débattre des propositions (venant de qui?) qui
ne sont pas dans l'intéret des couches au pouvoir il faut avoir des medias indépendant, par fois il faut
les créer nous mêmes.
3. Si un écho suffisant est obtenu auprès de la population, et s'il devient nécessaire
de décider des protocoles différents reflétant les différentes propositions sont proposées
au vote par ces différents courants de pensées. Mais il est souhaitable de ne jamais décider pour
ou contre une proposition unique mais toujours attendre qu'il y ait plusieurs propositions concurrentes puis de choisir
entre ces propositions.
- Il y avait dans le courant des dernières siècles tant des propositions à l'égard de
nouvelles méthodes et formes de démocraties qui n'avaient jamais réussit. Sauf en cas où
la pression des citoyens avaient réussit à modifié les lois existentes. - Il ne suffit pas de
présenter de nouveau des bonnes idées et de revendiquer que la masse doit seulement accepter ces formes
et méthodes proposées pour que nous vivont tout d'un coup dans une nouvelle société
démocratique.
4. La décision est prise suivant le modèle de vote multi-nominal (voir plus loin les critères
de définition de ce vote)
- Il s'avère très facile d'écrire ce point 4. "La décision est prise...." sans
dire en même temps sur les modifications légales qu'il faut établir avant pour qu'une instance
donne garantie de la légitimité d'une telle "décision". Déjà les différents
niveaux où; il faut prendre une decision est fragile:au niveau municipales, il suffirait éventuellement
de réunir tous les citoyens sur la marché (agora) pour prendre une décision qui sera légitimée
par les citoyens rassemblés. Mais déjà à l'echelon régionale, et encore prise nationale
il ne suffit pas d'avoir tant ou tant de voix pour finalement dire: la decision est légitimée.
La complexité de ce système de fonctionnement reflète la complexité du fonctionnement démocratique
de nos sociétés.
Pour les questions courantes les représentants élus doivent agir
au sein de l’assemblée au nom de leurs électeurs en respectant entre eux les mêmes étapes
démocratiques.
Intervenant Horst Grützke - le 31-12-2010 à 19-50
Son reve est absurde puisque il n'as pas encore reconnu que "démocratie" dans le sens de son origine ne dit rien autre que "demos - cratos" le "pourvoir au peuple". Beaucoup des savants, surtout des historiens, mais aussi les sciences politique et sociologigue avaient reconnu la définition de ce mot de cette manière. Pourquoi alors parler de la démocratie d'une manière à vouloir modifier, améliorer la démocratie en tant que qualité de la cohabitaion d'une société, d'un peuple ?
J'estime que l'auteur voulait plutot modifier ou améliorer la forme et / ou la méthode de la démocratie appliquée aujourd'hui au 21e siècle. Si cette supposition est proche à la pensé de l'auteur il aurait du faire d'abord l'analyse de la forme et de la méthode dont on applique aujourd'hui, presque 3000 ans après les vieux Greques de l'Athène antique, dans en pays proche de l'auteur, p.e. en France. Déjà l'analyse de la forme démocratique appliqué en France d'aujourd'hui se diffèret de la méthode démocratique pratiquée en Allemagne ou aux Etats Unis.
Proposer alors une autre - peut-être nouvelle - forme de démocratie pour pouvoir gérer la société en France ou en Allemagne ou en Angleterre, ou aussi à l'échellon communal, ou régional ou nationale pour ne pas parler européenne, cela exigerait alors d'abord une telle analyse pour pouvoir en tirer comme conséquence la meilleure forme de gouvernance. Il faut aussi analyser les différentes formes et méthodes qui ont été pratiquées au cours de l'histoire par des différentes sociétés tout en commencant à l'Athène antique, via la Grande révolution de la France, des Etats-Unis juqu'au système suisse. Les meilleures suggestions pour une meilleure forme démocratique ont été données par Alexis de Toqueville lorsqu'il analysa la situatione en Amérique en la comparaissant avec celle de la France.
Enfin ce que je voulais dire que chaque auteur et chaque rédacteur responsable d'un site de caractère politique, et le site de Trasibule en est un, qui est mis online peut être lu par chaque femme et chaque homme du monde entier. Même si un Japonais ne comprends pas le francais, il a la possibilité de le faire traduire par Google ou par un traducteur professionnel - surtout si il veux l'utiliser pour ces travaux scientifiques. Il vaux mieux ou rien publier si on ne veux pas que d'autre personne le lisent, ou publier un texte d'abord sous le nom civile de l'auteur pour prouver une certaine sériosité du texte, et puis avec la pr´tention de bien fonder les arguments.
Avec tout respect de la créativité de Trasibule, mais beaucoup de textes sont comme celui de la "démocratie" ecrit d'après les méthodes de notre deuxième classe à l'école normale.
Comme éditeur qui partout dans la civilisation occidentale est obligé à respecter des règles de publication, j'aurais réfusé la mise en page de plusieurs textes. Je ne repètes plus les différents arguments.
Attention, je ne parles pas d'une "censure" mais seulement du respect de règles cilisatoire pour éviter de la faire la pub économique ou la pub de pornographie. D'ailleurs un éditeur ou l'administrateur d'un site sur lequel il publie un ou plusieurs textes est son propre censeur puisqu'il ne publies que ce qu'il penses. Il est rare que quelqu'un publit dans la même revue ou sur le même site des textes avec des différents positions contraires sur un sujet.
Si on veux proposer quelque chose, il vaut mieux d'abord analyser le sujet sur le quel on veut pencher. Si on n'a pas des moyens de faire des analyses sur un sujet qui est endehors des limites de sa vie, c'est Wikipédia qui donne très vite la réponse à chaque question paraissant difficile. Au moment où l'auteur d'une analyse ne veut pas utiliser Wikipédia, alors il a certainement des amis qui eux disposent aussi suffisamment d'expériences.
Si l'auteur un texte publié avait refusé à tout ces nécessités préalables pour etre reconnu comme expert ou comme personne sérieuse il n'aura presque jamais de réponses ou des commentaires. La majorité de visiteurs de sites à l'Internet sont ou des jeuns baladeurs cherchant surtout l'amusement ou des gens qui cherchent surtout de la connaissaqnce pour se former davantage pour leur propre vie. Dans un tel cas, ils chercheront en vain des connaissances profondes et sérieux sur le site respectif.
En tout amitié solidaire
Horst Grützke, Potsdam / Allemagne
Intervenant Trazibule - le 29-01-2011 à 17-26
Vos critiques sont très justifiées à propos de ce texte, trop bref pour un tel sujet, écrit lors des débuts de ce site,
Cette ébauche trop sommaire est d'ailleurs complétée par plusieurs autres pages de ce site tournant autour de divers aspects du fonctionnement
démocratique dans ses problèmes actuels comme dans les solutions proposées.
Grâce à vos critiques, je mets en ligne aujourd’hui une nouvelle écriture de mes réflexions actuelles sur la démocratie, que nous pourrons améliorer ensemble.
Intervenant Trazibule - le 07-02-2011 à 20-51
Ce texte sommaire, je le reconnais, reçoit une vive critique Justifié. C’est pourquoi je l’ai approfondi.
Il reste quand même une idée décrite ici qui tente d’évoquer qu’une démocratie n’est pas uns structure simple, d’où cette proposition de découpage des différentes
étapes, qui traversent l’idée de démocratie : Les propositions, les débats, la représentation, la décision. Chacune de ses étapes ayant un fonctionnement différent
pour lesquelles je suggère des règles différentes.
Je ne me place pas dans les faits réels, mais fait une ébauche théorique. L’idée de proposition est par exemple forcément minoritaire lors de son émergence, une
logique « démocratique » écoutant en principe la majorité devient donc un frein à l’imagination. Peu importe de quelle proposition il s’agit Je veux seulement
relever ce fait qui doit nous pousser à imaginer des circuits d’émergences des propositions sur d’autres principe que le principe majoritaire.
De même au moment du débat, l’idée de censure ou de dépendance des médias devient très pernicieuse. Je sais bien qu’actuellement cette indépendance n’est pas assurée, je sais aussi
qu’une parfaite indépendance est un rêve, reste que je voulais montrer la nécessaire recherche d’une indépendance la plus grande possible pour une démocratie saine.
Je regrette le passage au ton de mépris de l’argumentaire, je ne souhaite pas faire un discours académique ni recopier Wikipedia, je voulais simplement
témoigner, comme citoyen ordinaire, ma façon de concevoir une démocratie. Puisque "demos - cratos" c’est aussi la parole au peuple, et puisque je fais partie du peuple,
j’ai seulement pris la parole, n’en déplaise au lecteur qui peut toujours aller lire ailleurs. Je ne me prends pas pour une élite, chargée d’éclairer le monde,
c’est pour cela que je parle sous un nom anonyme, je ne veux pas devenir « célèbre » et « leader » de qui que ce soit, seulement lancer des idées pour faire
réfléchir, non pas ceux qui sont certains de leur grande culture, de leur importance et de leur sagesse, pour cela leurs pairs s’en chargent, non seulement
faire réfléchir les gens comme moi qui font peuple, et qui se parlent, malgré ce manque de culture que les « élites » leur reprochent.
A quoi bon mettre le « nom civil de l'auteur pour prouver une certaine sériosité du texte », avez-vous besoin d’un étalage de diplômes pour valider une
réflexion ? Soumettez-vous votre jugement à votre esprit critique ou à l’image de son auteur ? la qualité d’un texte, ne se mesure pas à la renommée de son auteur,
les plus grands sages on dit parfois des conneries, et le des fous sortent parfois de grandes lucidités.
D’ailleurs si « Trazibule » ne servait qu’à me dissimuler, croyez que je le ferais mieux que cela, car il est très facile à qui le veut, de savoir qui je suis.
Intervenant Anonyme - le 23-07-2011 à 12-38
Ce texte est extrait de la "leçon inaugurale" qu'a prononcée Pierre Rosanvallon, lundi 18 juillet, à Montpellier,
lors de l'ouverture des Rencontres de Pétrarque, organisées par France Culture et dans le cadre du Festival de Radio France.
Le Monde du 21/07/2011
Il y a deux mots qui se regardent aujourd'hui en chiens de faïence : celui de "peuple" et celui de "populisme". Il y a le paradoxe d'un terme
négatif qui est dérivé de ce qui fonde positivement la vie démocratique. On exècre le populisme alors que l'on exalte le principe de la souveraineté
du peuple. Que recèle ce paradoxe ?
Pour éclairer cette question, il faut partir du principe que le peuple est effectivement le principe actif du régime démocratique, mais que c'est
une puissance indéterminée. Il y a en effet un écart entre l'évidence d'un principe, la souveraineté du peuple, et le caractère problématique de
ce peuple comme sujet.
Caractère problématique en second lieu des institutions et des procédures pour exprimer le peuple. Le système représentatif
existe-t-il parce que la représentation directe est impossible dans une grande société ? Ou parce que le système représentatif a des vertus
propres par l'obligation qu'il entraîne de délibérer, de s'expliquer en public ? Tout cela n'a jamais été véritablement résolu.
Il faut donc partir de cette double indétermination pour comprendre ces rapports équivoques entre la référence positive au peuple et
l'emploi suspicieux de la notion de populisme. La troisième indétermination concerne le fait que le peuple n'est pas simplement un principe
commandant, mais qu'il est aussi substance et forme sociale de la démocratie. Il est la figure du commun, la forme d'une société des égaux.
Aujourd'hui, nous pouvons dire que le peuple est en crise. Il y a une crise particulière de la représentation. Et d'un autre côté, la société
ne fait plus corps, elle est disloquée par les inégalités.
Dans une première approximation, on pourrait dire du populisme ce que Marx disait de la religion. Qu'il est à la fois le symptôme d'une détresse
réelle et l'expression d'une illusion. Il est le point de rencontre entre un désenchantement politique, tenant à la mal-représentation, aux
dysfonctionnements du régime démocratique, et la non-résolution de la question sociale d'aujourd'hui.
Le populisme est une forme de réponse simplificatrice et perverse à ces difficultés. C'est pour cela qu'on ne peut pas seulement l'appréhender
comme un "style" politique, comme certains le disent, en le réduisant à sa dimension démagogique.
Comprendre le populisme, c'est mieux comprendre la démocratie avec ses risques de détournement, de confiscation, ses ambiguïtés, son inachèvement
aussi. Ne pas se contenter donc d'un rejet pavlovien et automatique pour faire du mot "populisme" un épouvantail qui ne serait pas pensé. La
question du populisme est en effet interne à celle de la démocratie.
Et on peut se poser là une question : est-ce que le XXIe siècle n'est pas en train d'être l'âge des populismes comme le XXe siècle avait été
celui des totalitarismes ? Est-ce que ça n'est pas la nouvelle pathologie historique de la démocratie qui est en train de se mettre en place ?
Avec aussi le danger d'utiliser une notion aux contours pareillement flous.
Le populisme présente quelques traits saillants. On peut d'abord dire que la doctrine de l'ensemble des partis concernés repose sur une triple
simplification. Une simplification politique et sociologique : considérer le peuple comme un sujet évident, qui est défini simplement par la
différence avec les élites. Comme si le peuple était la partie "saine" et unifiée d'une société qui ferait naturellement bloc dès lors que l'on
aurait donné congé aux élites cosmopolites et aux oligarchies. Nous vivons certes dans des sociétés qui sont marquées par des inégalités
croissantes. Mais l'existence d'une oligarchie, le fait de la sécession des riches ne suffisent pas à faire du peuple une masse unie.
Autre simplification : considérer que le système représentatif et la démocratie en général sont structurellement corrompus par les politiciens,
et que la seule forme réelle de démocratie serait l'appel au peuple, c'est-à-dire le référendum.
Troisième simplification - et elle n'est pas la moindre -, c'est une simplification dans la conception du lien social. C'est de considérer que
ce qui fait la cohésion d'une société, c'est son identité et non pas la qualité interne des rapports sociaux. Une identité qui est toujours
définie négativement. A partir d'une stigmatisation de ceux qu'il faut rejeter : les immigrés ou l'islam.
Si l'on estime que le populisme est fondé sur cette triple simplification, surmonter la dérive populiste consiste à réfléchir à la façon de
mieux accomplir la démocratie. Nul ne peut prétendre combattre ou stopper le populisme en se contentant de défendre la démocratie telle qu'elle
existe aujourd'hui. Pour critiquer le populisme, il est nécessaire d'avoir un projet de réinvention et de reconstruction de cette démocratie.
Dans quelle direction ? J'en donne rapidement quelques éléments.
Tout d'abord, partir du principe que, au lieu de simplifier la démocratie, il faut la compliquer pour l'accomplir. Parce que le peuple,
nul ne peut prétendre le posséder , nul ne peut prétendre être son unique haut-parleur. Car il n'existe que sous des espèces et des manifestations
partielles. Il existe d'abord un peuple arithmétique : le peuple électoral. C'est le peuple qui est le plus fondamental, car tout le monde peut
prétendre faire parler le peuple en disant "la société pense que", "le peuple pense que", mais personne ne peut dire que 51 est inférieur à 49.
Il y a pour cela une espèce d'évidence de ce peuple arithmétique. Il est le"pouvoir du dernier mot". Mais le problème est que la définition
du peuple ou de l'intérêt général doit englober l'immense majorité de la société et pas simplement sa majorité. C'est pour cela qu'il faut faire
appel à d'autres figures. Lesquelles ?
D'abord celle du peuple social, qui s'exprime à travers des revendications liées à des conflits, prend la forme de communautés d'épreuves, se
lie à des morceaux d'histoire vécus en commun. Cela peut être aussi celle de cette opinion indistincte et confuse qui, aujourd'hui, existe à
travers Internet (car Internet n'est pas un média, mais une forme sociale, sorte de matérialité directe, mouvante). Sa voix doit être entendue.
Il y a encore un troisième peuple qui joue un rôle essentiel : le peuple-principe. C'est le peuple qui est défini par ce qui fait les fondements
de la vie commune. Ce qui représente ce peuple, c'est alors le droit, les règles fondatrices du contrat social, c'est la Constitution. Il y a
enfin un quatrième type de peuple, que l'on pourrait appeler le "peuple aléatoire". Dans certains cas, il est tellement difficile de le figurer
que l'on utilise le tirage au sort, façon de présupposer qu'il est constitué par une équivalence radicale.
L'important est de donner leur place à ces différents peuples : le peuple électoral-arithmétique, le peuple social, le peuple-principe et le
peuple aléatoire. Car le peuple est toujours approché. Pour le faire parler, il faut donc multiplier les voix, décliner ses modes d'expression.
Il n'y a que dans des circonstances exceptionnelles qu'un peuple parle d'une seule voix ; sinon il faut qu'il y ait polyphonie.
D'un autre côté, il faut démultiplier la souveraineté. Il n'y a pas, là non plus, une façon unique d'exprimer la volonté générale. L'expression
électorale n'est d'abord qu'intermittente. Et il y a une demande de démocratie permanente. Mais cela ne peut prendre la forme d'une démocratie
presse-bouton, même s'il y en aurait aujourd'hui techniquement la possibilité. Car la démocratie n'est pas simplement un régime de la décision.
Elle est un régime de la volonté générale, ce qui se construit dans l'histoire. Cela implique notamment le fait que l'on soumette les gouvernants
à une surveillance accrue, à des redditions de comptes plus fréquentes, à des formes de contrôle. Le citoyen ne peut pas espérer être derrière
chaque décision, mais il peut participer d'une puissance collective de surveillance, d'évaluation.
Compliquer la démocratie, c'est enfin une troisième chose essentielle : trouver les moyens de produire un commun qui fasse sens ;produire
une société qui ne soit pas une simple collection d'individus. Aujourd'hui, c'est un des problèmes essentiels auxquels nous sommes confrontés.
La démocratie doit beaucoup plus résolument se définir comme mode de production d'une vie commune. Vie commune qui n'est pas simplement celle
des grands moments solennels de l'effervescence électorale ou festive, mais qui est constituée du commun quotidien, de ce qui fait qu'une
société démocratique se définit par le fait d'une confiance commune, d'une redistribution acceptée, du fait que l'on partage des espaces publics.
Nous sommes à un moment où il nous faut également redéfinir et enrichir la vie de la démocratie à travers une démocratie plus interactive,
et non pas simplement une démocratie d'autorisation, mais où il nous faut aussi redéfinir le contrat social. Cette dimension, c'est celle
d'une démocratie qui se conçoit à partir de ce qui était au coeur des révolutions américaine et française : la recherche d'une société plus égale.
C'est cette tâche qui, me semble-t-il, est devant nous aujourd'hui. Si nous reconstruisons ce commun, si nous essayons de
mieux approfondir l'idée démocratique, alors la question du populisme pourra trouver une forme de réponse qui ne sera pas simplement
celle d'un rejet inquiet, mais celle d'une vie démocratique élargie et approfondie.
Intervenant Anonyme - le 23-07-2011 à 12-40
Pour poursuivre et approfondir la réfexion. Merci.
Vos critiques sont très justifiées à propos de ce texte, trop bref pour un tel sujet, écrit lors des débuts de ce site,
Cette ébauche trop sommaire est d'ailleurs complétée par plusieurs autres pages de ce site tournant autour de divers aspects du fonctionnement
démocratique dans ses problèmes actuels comme dans les solutions proposées.
Grâce à vos critiques, je mets en ligne aujourd’hui une nouvelle écriture de mes réflexions actuelles sur la démocratie, que nous pourrons améliorer ensemble.
Ce texte sommaire, je le reconnais, reçoit une vive critique Justifié. C’est pourquoi je l’ai approfondi.
Il reste quand même une idée décrite ici qui tente d’évoquer qu’une démocratie n’est pas uns structure simple, d’où cette proposition de découpage des différentes
étapes, qui traversent l’idée de démocratie : Les propositions, les débats, la représentation, la décision. Chacune de ses étapes ayant un fonctionnement différent
pour lesquelles je suggère des règles différentes.
Je ne me place pas dans les faits réels, mais fait une ébauche théorique. L’idée de proposition est par exemple forcément minoritaire lors de son émergence, une
logique « démocratique » écoutant en principe la majorité devient donc un frein à l’imagination. Peu importe de quelle proposition il s’agit Je veux seulement
relever ce fait qui doit nous pousser à imaginer des circuits d’émergences des propositions sur d’autres principe que le principe majoritaire.
De même au moment du débat, l’idée de censure ou de dépendance des médias devient très pernicieuse. Je sais bien qu’actuellement cette indépendance n’est pas assurée, je sais aussi
qu’une parfaite indépendance est un rêve, reste que je voulais montrer la nécessaire recherche d’une indépendance la plus grande possible pour une démocratie saine.
Je regrette le passage au ton de mépris de l’argumentaire, je ne souhaite pas faire un discours académique ni recopier Wikipedia, je voulais simplement
témoigner, comme citoyen ordinaire, ma façon de concevoir une démocratie. Puisque "demos - cratos" c’est aussi la parole au peuple, et puisque je fais partie du peuple,
j’ai seulement pris la parole, n’en déplaise au lecteur qui peut toujours aller lire ailleurs. Je ne me prends pas pour une élite, chargée d’éclairer le monde,
c’est pour cela que je parle sous un nom anonyme, je ne veux pas devenir « célèbre » et « leader » de qui que ce soit, seulement lancer des idées pour faire
réfléchir, non pas ceux qui sont certains de leur grande culture, de leur importance et de leur sagesse, pour cela leurs pairs s’en chargent, non seulement
faire réfléchir les gens comme moi qui font peuple, et qui se parlent, malgré ce manque de culture que les « élites » leur reprochent.
A quoi bon mettre le « nom civil de l'auteur pour prouver une certaine sériosité du texte », avez-vous besoin d’un étalage de diplômes pour valider une
réflexion ? Soumettez-vous votre jugement à votre esprit critique ou à l’image de son auteur ? la qualité d’un texte, ne se mesure pas à la renommée de son auteur,
les plus grands sages on dit parfois des conneries, et le des fous sortent parfois de grandes lucidités.
D’ailleurs si « Trazibule » ne servait qu’à me dissimuler, croyez que je le ferais mieux que cela, car il est très facile à qui le veut, de savoir qui je suis.
Ce texte est extrait de la "leçon inaugurale" qu'a prononcée Pierre Rosanvallon, lundi 18 juillet, à Montpellier,
lors de l'ouverture des Rencontres de Pétrarque, organisées par France Culture et dans le cadre du Festival de Radio France.
Le Monde du 21/07/2011
Il y a deux mots qui se regardent aujourd'hui en chiens de faïence : celui de "peuple" et celui de "populisme". Il y a le paradoxe d'un terme
négatif qui est dérivé de ce qui fonde positivement la vie démocratique. On exècre le populisme alors que l'on exalte le principe de la souveraineté
du peuple. Que recèle ce paradoxe ?
Pour éclairer cette question, il faut partir du principe que le peuple est effectivement le principe actif du régime démocratique, mais que c'est
une puissance indéterminée. Il y a en effet un écart entre l'évidence d'un principe, la souveraineté du peuple, et le caractère problématique de
ce peuple comme sujet.
Caractère problématique en second lieu des institutions et des procédures pour exprimer le peuple. Le système représentatif
existe-t-il parce que la représentation directe est impossible dans une grande société ? Ou parce que le système représentatif a des vertus
propres par l'obligation qu'il entraîne de délibérer, de s'expliquer en public ? Tout cela n'a jamais été véritablement résolu.
Il faut donc partir de cette double indétermination pour comprendre ces rapports équivoques entre la référence positive au peuple et
l'emploi suspicieux de la notion de populisme. La troisième indétermination concerne le fait que le peuple n'est pas simplement un principe
commandant, mais qu'il est aussi substance et forme sociale de la démocratie. Il est la figure du commun, la forme d'une société des égaux.
Aujourd'hui, nous pouvons dire que le peuple est en crise. Il y a une crise particulière de la représentation. Et d'un autre côté, la société
ne fait plus corps, elle est disloquée par les inégalités.
Dans une première approximation, on pourrait dire du populisme ce que Marx disait de la religion. Qu'il est à la fois le symptôme d'une détresse
réelle et l'expression d'une illusion. Il est le point de rencontre entre un désenchantement politique, tenant à la mal-représentation, aux
dysfonctionnements du régime démocratique, et la non-résolution de la question sociale d'aujourd'hui.
Le populisme est une forme de réponse simplificatrice et perverse à ces difficultés. C'est pour cela qu'on ne peut pas seulement l'appréhender
comme un "style" politique, comme certains le disent, en le réduisant à sa dimension démagogique.
Comprendre le populisme, c'est mieux comprendre la démocratie avec ses risques de détournement, de confiscation, ses ambiguïtés, son inachèvement
aussi. Ne pas se contenter donc d'un rejet pavlovien et automatique pour faire du mot "populisme" un épouvantail qui ne serait pas pensé. La
question du populisme est en effet interne à celle de la démocratie.
Et on peut se poser là une question : est-ce que le XXIe siècle n'est pas en train d'être l'âge des populismes comme le XXe siècle avait été
celui des totalitarismes ? Est-ce que ça n'est pas la nouvelle pathologie historique de la démocratie qui est en train de se mettre en place ?
Avec aussi le danger d'utiliser une notion aux contours pareillement flous.
Le populisme présente quelques traits saillants. On peut d'abord dire que la doctrine de l'ensemble des partis concernés repose sur une triple
simplification. Une simplification politique et sociologique : considérer le peuple comme un sujet évident, qui est défini simplement par la
différence avec les élites. Comme si le peuple était la partie "saine" et unifiée d'une société qui ferait naturellement bloc dès lors que l'on
aurait donné congé aux élites cosmopolites et aux oligarchies. Nous vivons certes dans des sociétés qui sont marquées par des inégalités
croissantes. Mais l'existence d'une oligarchie, le fait de la sécession des riches ne suffisent pas à faire du peuple une masse unie.
Autre simplification : considérer que le système représentatif et la démocratie en général sont structurellement corrompus par les politiciens,
et que la seule forme réelle de démocratie serait l'appel au peuple, c'est-à-dire le référendum.
Troisième simplification - et elle n'est pas la moindre -, c'est une simplification dans la conception du lien social. C'est de considérer que
ce qui fait la cohésion d'une société, c'est son identité et non pas la qualité interne des rapports sociaux. Une identité qui est toujours
définie négativement. A partir d'une stigmatisation de ceux qu'il faut rejeter : les immigrés ou l'islam.
Si l'on estime que le populisme est fondé sur cette triple simplification, surmonter la dérive populiste consiste à réfléchir à la façon de
mieux accomplir la démocratie. Nul ne peut prétendre combattre ou stopper le populisme en se contentant de défendre la démocratie telle qu'elle
existe aujourd'hui. Pour critiquer le populisme, il est nécessaire d'avoir un projet de réinvention et de reconstruction de cette démocratie.
Dans quelle direction ? J'en donne rapidement quelques éléments.
Tout d'abord, partir du principe que, au lieu de simplifier la démocratie, il faut la compliquer pour l'accomplir. Parce que le peuple,
nul ne peut prétendre le posséder , nul ne peut prétendre être son unique haut-parleur. Car il n'existe que sous des espèces et des manifestations
partielles. Il existe d'abord un peuple arithmétique : le peuple électoral. C'est le peuple qui est le plus fondamental, car tout le monde peut
prétendre faire parler le peuple en disant "la société pense que", "le peuple pense que", mais personne ne peut dire que 51 est inférieur à 49.
Il y a pour cela une espèce d'évidence de ce peuple arithmétique. Il est le"pouvoir du dernier mot". Mais le problème est que la définition
du peuple ou de l'intérêt général doit englober l'immense majorité de la société et pas simplement sa majorité. C'est pour cela qu'il faut faire
appel à d'autres figures. Lesquelles ?
D'abord celle du peuple social, qui s'exprime à travers des revendications liées à des conflits, prend la forme de communautés d'épreuves, se
lie à des morceaux d'histoire vécus en commun. Cela peut être aussi celle de cette opinion indistincte et confuse qui, aujourd'hui, existe à
travers Internet (car Internet n'est pas un média, mais une forme sociale, sorte de matérialité directe, mouvante). Sa voix doit être entendue.
Il y a encore un troisième peuple qui joue un rôle essentiel : le peuple-principe. C'est le peuple qui est défini par ce qui fait les fondements
de la vie commune. Ce qui représente ce peuple, c'est alors le droit, les règles fondatrices du contrat social, c'est la Constitution. Il y a
enfin un quatrième type de peuple, que l'on pourrait appeler le "peuple aléatoire". Dans certains cas, il est tellement difficile de le figurer
que l'on utilise le tirage au sort, façon de présupposer qu'il est constitué par une équivalence radicale.
L'important est de donner leur place à ces différents peuples : le peuple électoral-arithmétique, le peuple social, le peuple-principe et le
peuple aléatoire. Car le peuple est toujours approché. Pour le faire parler, il faut donc multiplier les voix, décliner ses modes d'expression.
Il n'y a que dans des circonstances exceptionnelles qu'un peuple parle d'une seule voix ; sinon il faut qu'il y ait polyphonie.
D'un autre côté, il faut démultiplier la souveraineté. Il n'y a pas, là non plus, une façon unique d'exprimer la volonté générale. L'expression
électorale n'est d'abord qu'intermittente. Et il y a une demande de démocratie permanente. Mais cela ne peut prendre la forme d'une démocratie
presse-bouton, même s'il y en aurait aujourd'hui techniquement la possibilité. Car la démocratie n'est pas simplement un régime de la décision.
Elle est un régime de la volonté générale, ce qui se construit dans l'histoire. Cela implique notamment le fait que l'on soumette les gouvernants
à une surveillance accrue, à des redditions de comptes plus fréquentes, à des formes de contrôle. Le citoyen ne peut pas espérer être derrière
chaque décision, mais il peut participer d'une puissance collective de surveillance, d'évaluation.
Compliquer la démocratie, c'est enfin une troisième chose essentielle : trouver les moyens de produire un commun qui fasse sens ;produire
une société qui ne soit pas une simple collection d'individus. Aujourd'hui, c'est un des problèmes essentiels auxquels nous sommes confrontés.
La démocratie doit beaucoup plus résolument se définir comme mode de production d'une vie commune. Vie commune qui n'est pas simplement celle
des grands moments solennels de l'effervescence électorale ou festive, mais qui est constituée du commun quotidien, de ce qui fait qu'une
société démocratique se définit par le fait d'une confiance commune, d'une redistribution acceptée, du fait que l'on partage des espaces publics.
Nous sommes à un moment où il nous faut également redéfinir et enrichir la vie de la démocratie à travers une démocratie plus interactive,
et non pas simplement une démocratie d'autorisation, mais où il nous faut aussi redéfinir le contrat social. Cette dimension, c'est celle
d'une démocratie qui se conçoit à partir de ce qui était au coeur des révolutions américaine et française : la recherche d'une société plus égale.
C'est cette tâche qui, me semble-t-il, est devant nous aujourd'hui. Si nous reconstruisons ce commun, si nous essayons de
mieux approfondir l'idée démocratique, alors la question du populisme pourra trouver une forme de réponse qui ne sera pas simplement
celle d'un rejet inquiet, mais celle d'une vie démocratique élargie et approfondie.
Pour poursuivre et approfondir la réfexion. Merci.