Apprenons à revenir dans notre réalité, l'utilité vaut mieux que la rentabilité !
Le culte de la marchandise nous a fait oublier l'utilité de l'objet.
J’achète des pommes belles et brillantes, mais les analyses me disent qu’elles ont perdu leurs qualités nutritionnelles,
et leur goût déçoit. C’est si facile de chiffrer un tonnage et une marge, plus en tout cas que de mesurer une saveur. Notre
économie ne s’intéresse qu’aux quantités, la qualité n’ayant qu’une valeur d’accroche publicitaire, le bénéfice pour le producteur
prime sur l’utilité ou le plaisir pour tous.
Un client actuel a plus de plaisir à s’offrir un nouvel habit qu’à entretenir l’ancien, les publicités font tout pour donner cette
illusion de bonheur à la nouvelle acquisition.
Une marchandise rapporte quand elle change de main, un objet est utile quand il est
bien adapté et qu’il dure longtemps. Mais un objet utile, pratique et bien entretenu est plus « rentable » pour tous qu’une marchandise,
qui n’est « rentable » qu’au commerce et à l’industrie ? Et sous prétexte d’emploi toute notre économie nous pousse vers cette mauvaise
route à grand renfort de messages publicitaires qui encrassent tous nos moyens de communication et même gâchent nos échanges culturels.
Malheureusement pour nous et l’environnement, toute l’économie est fondée sur la marchandise au point que l’objet vraiment utile et durable
est banni des rayons. Pourtant la marchandise gaspille les ressources, nos temps de travail et sature nos poubelles : Notre modèle économique
est fondamentalement pervers et il s’est malheureusement imposé à nos façons de concevoir nos échanges.
De même les salariés sont vraiment rentables quand ils changent d’entreprise, car cela nécessite une renégociation de leurs conditions,
et un accroissement de leur nécessaire soumission, alors que l’ancien fidèle se rend indispensable, ses compétences concurrences même
celles de ses chefs et il peut exiger des contreparties. Le salarié est devenu une marchandise.
De même encore les entreprises sont rentables quand elles changent de propriétaire d’où ces délires boursiers et ses commerces d'actions.
Les entreprises sont plus lucratives à servir de marchandise, que de servir d’outil de production.
C’est cette différence entre l’objet et la marchandise qui s’applique même aux décisions municipales :
Les élus d’une cité se croient au mieux « responsables de son évolution » et souvent pire « propriétaires de la ville », mais très rarement
représentants de leurs citoyens, ce qu'ils sont réellement d'après les principes républicains.
Construire un nouvel équipement cela se voit, une nouveauté qui marquera leur action, alors qu’entretenir les équipements existant passe inaperçu.
Alors ils décident, mais entre la création d’un nouvel équipement et l’entretien de l’existant, ils vont vite faire leur choix.
C’est la même différence entre l’objet et la marchandise. Résultat nos villes s’épuisent dans des changements coûteux, énergivores mais visibles
et abandonnent ce qui pourtant fait le bonheur quotidien ordinaire des habitants. A grand renfort médiatique, les élus se font remarquer en
étalant ce qui précisément ennuie tout le monde par des travaux incessants qui souvent détruisent l’histoire même de leur ville. Cela revient
à casser ce qui fonctionne juste pour un effet visible de changement !
Il est sage d’entretenir ses objets pas de s’épuiser à acquérir de nouvelles marchandises. Notre façon de gérer ce qui nous entoure doit
être détruite sinon ce qui nous entoure nous détruira.
Nous devons remplacer rentabilité par équilibre, Substituer une économie de l’utilité à celle du résultat, Revenir à la qualité du réel et oublier la quantité du chiffre. Une économie de l’échange mais plus celle de l’appropriation. |