Témoignage significatif.
Communiqué des Indigné-e-s de Nîmes.
Gazland ou Faschistan, bis repetitam… (au secours ‘Vinci’ revient).
Vendredi 30/08, à Nîmes, pendant la manifestation anti gaz de schiste, dans une rue adjacente, un manifestant s’accroche aux grilles de la Préfecture et commence à peindre sur les murs, selon les versions à la terre ou à la ‘vraie’ peinture (‘vraie’ peinture sera avoué timidement).
Nous sommes sous l’oeil des caméras vidéo protectrices, les ‘RG’ incognitos mais bien trop connus quadrillent la rue et donc intervention immédiate et diligente d’une escouade de robocops dépêchés d’urgence pour rétablir l’Ordre et la Morale…
Le délinquant est ceinturé, les manifestants alentours tentent de s’interposer, distribution générale de coups de matraques, bousculades, cris… cinq agents blessés selon la police, dont l’un hospitalisé d’urgence. C’est dire la fragilité de ces brutes qui cachent si bien leur tendresse. La compagne du dit terroriste tente de se renseigner sur le sort de son ami, hop ! tout ce qui n’est pas avec nous est contre nous : embarquée, laissant dans la rue un gamin en pleurs aux bons soins des camarades…
A l’intérieur, MouvOil SA (études et explorations pétrolières) et ses comparses d’état tentent d’emberlificoter nos zélés z'élus. La rue, elle, réclame la libération des prisonniers. Les zélés zélus sortent enfin pour faire leur théâtre devant les caméras vidéo propagandistes. Les écharpes tricolores débitent leur petit discours III° république avec temps d’arrêt obligatoires et nécessaires pour laisser aux ‘embedded’ (preneurs d'images) le temps de retourner ‘l’oeil de son maître’ vers la foule figurante qui est censée approuver bruyamment.
Ce qu’elle fait, mais plutôt aux cris de «libérez nos camarades»… flottement parmi les écharpes, voilà qui est bien embêtant, la «violence intolérable et inacceptable» vient gâter le scénario de ‘Plus belle la vie’.
Les camarades sont déjà au commissariat, les zélus embarrassés nous promettent leur intervention zélée : «Ils seront, on vous le jure, libérés et ramenés ici, calme, calme et sérénité, ne laissons pas des sauvageons - trublions qui votent pas pour nous - détourner le dialogue démocratique, nous sommes ici pour le gaz de schiste ne l’oublions pas». Tant que le soleil brillera et que l’herbe verdoiera, on vous le jure…
Rien ne se passe. Les zélus regagnent leurs campagnes et le gros des manifestants leurs chaumières.
Après quelques flottements et quelques départs ratés vers le commissariat, nous serons une bonne centaine à aller assiéger les fonctionnaires dans leur pénitencier. Dialogue avec le commissaire qui est là «uniquement pour faire suivre la procédure». Le peintre est accusé de ‘dégradation de bâtiments, troubles à l’ordre public, rébellion’, son acte est ‘gravissime’. Sa compagne est ‘juste’ en garde à vue. Ils sortiront, elle bientôt, lui on sait pas quand (la procédure suit son inexorable cours…). Nous insistons, nous incrustons, puis on se fait pousser hors du parking. Puis on nous annonce la libération prochaine de la camarade, son ami restant en garde
à vue, son dossier désormais entre les mains de Valls... Puis finalement vers 20h les deux sortent. Aucune charge n’est retenue contre eux, le commissariat a ‘joué la modération’ auprès du procureur. Merci et amen…
Ayant entendu ici ou là bon nombre d’inepties du genre «la violence ne sert à rien», «inutile de s’opposer à la loi», «ils le relâcheront bientôt», «c’est inutile et ça détourne le débat», les Indigné-e-s de Nîmes, présent-e-s devant le commissariat mais nullement moteur de cette mobilisation (qui a fait de l’auto allumage) tiennent à rappeler, en cette affaire, plusieurs faits (dans le désordre comme il se doit) :
- Ce qui est toxique est bien le capitalisme et sa logique mortifère.
- Ce qui est toxique est bien la mentalité ‘not in my backyard’ (pas chez moi mais ailleurs je n'en ai rien à foutre) qui consiste à ‘préserver sa santé’ pour mieux la mettre au service du patron ou de ‘l’entreprise de soi même’.
- Ce qui est toxique c’est de se laisser abuser par la novlangue officielle (cette langue de bois moderne) qui consiste à désigner comme «dégradation» trois coups de pinceaux sur un mur et «utilité publique» la dévastation industrielle et systématique de notre bien commun.
- Ce qui est toxique est bien de laisser appeler «provocation, violence contre productive» un simple acte irrévérencieux envers des institutions qui font tout pour être irrespectables.
- Ce qui est toxique est bien de croire qu’il faut se soumettre sagement aux injonctions policières.
- Ce qui est toxique est bien de croire que nos zélus sont là pour nous défendre et régler les problèmes.
- Ce qui est toxique c’est de ne pas être immédiatement solidaires d’un camarade manifestant.
- Ce qui est toxique c’est de penser que d’autres iront gueuler à notre place.
No Gazaran !
Les Indigné-e-s de Nîmes